Evaluation des représentations phonologiques des voyelles chez les enfants dysphasiques à l’aide d’une tâche de jugement phonologique

Abstract

La dysphasie est un trouble du langage oral primaire, sévère et persistant. A l’heure actuelle, différentes hypothèses explicatives ont été avancées pour rendre compte des causes de ce trouble. Notre étude s’inscrit dans le cadre de l’hypothèse phonologique, qui propose une explication en termes de déficit initialement marqué sur les aspects phonologiques. Récemment, l’hypothèse d’une sous-spécification des représentations phonologiques a été formulée. Des études ont vérifié cette hypothèse au niveau de consonnes, en mettant en évidence des représentations phonologiques des consonnes sous-spécifiées chez les enfants dysphasiques. Jusqu’à présent les représentations phonologiques des voyelles ont fait l’objet de peu de recherches. Notre étude a pour objectif d’étudier la qualité des représentations phonologiques des voyelles chez les enfants dysphasiques. Nous avons créé une tâche de jugement phonologique composée de mots fréquents bisyllabiques. Nous avons manipulé la condition et la taille de la modification. Les items contrôles sont des mots non modifiés et les items expérimentaux ont été modifiés par la substitution d’une voyelle en position médiane. La taille de la modification est peu importante, avec une voyelle modifiée d’un trait distinctif, ou plus importante, avec une modification de trois traits distinctifs. Nous avons administré cette tâche à trois groupes d’enfants. Le groupe expérimental est composé d’enfants dysphasiques. Le premier groupe contrôle est composé d’enfants tout-venant de même niveau de vocabulaire réceptif. Le second groupe contrôle comprend des enfants tout-venant de même âge chronologique que les enfants dysphasiques. Nos résultats montrent que les enfants dysphasiques détectent aussi bien les modifications importantes que leurs pairs de même niveau de vocabulaire réceptif, et de même âge chronologique. Les petites modifications en revanche, semblent plus difficiles à détecter par les enfants dysphasiques. Notre étude suggère une sous-spécification des représentations phonologiques des voyelles chez les enfants dysphasiques.