Validation d'un outil de prise en charge intégré de l'anomie dans l'aphasie primaire progressive sémantique

Abstract

L’aphasie primaire progressive sémantique engendre, de par la dégradation progressive des représentations conceptuelles qui en découle, une perte d’autonomie au quotidien. Aussi, les études dans ce domaine se multiplient car il devient indispensable de disposer d'outils thérapeutiques efficaces pour améliorer la prise en charge de ces personnes. Toutefois, de nombreuses questions restent en suspens concernant l’efficacité des thérapies proposées jusqu'ici : s'il a été démontré qu'un réapprentissage du vocabulaire en déclin est possible suite aux interventions cognitives ciblées sur le manque du mot, les progrès observés restent généralement très limités tant en termes de maintien des acquis sur le long terme qu'en termes de généralisation possible en dehors des stimuli ou des tâches langagières traités. De plus, aucune ligne de conduite n’existe actuellement en ce qui concerne le type de thérapie à proposer, son intensité, sa fréquence et sa durée. Il s’avère donc nécessaire de poursuivre les investigations pour tenter de répondre à ces limitations et offrir aux cliniciens travaillant avec ce type de patientèle un matériel de rééducation efficace. C'est dans ce cadre que s'inscrit cette étude, inspirée du paradigme expérimental d'Hoffman et al. (2015) : il semble qu’introduire une variation dans l’expérience d’apprentissage en manipulant notamment l’ordre d’apparition des images à dénommer et en augmentant le nombre d’exemplaires visuels illustrant un même objet favorise la généralisation et le maintien des items réappris. L’objectif principal de ce projet est de valider un nouvel outil de prise en charge de l'anomie, destiné à des patients adultes présentant une aphasie primaire progressive sémantique, à différents stades de leur maladie. Pour ce faire, deux conditions sont comparées : une condition simple se limitant à un drill invariable de dénomination d’images et une condition multiple impliquant une très grande variation dans l’expérience d’apprentissage, encore plus importante que celle proposée par Hoffman et al. (2015). Notre méthode implique également de solliciter les connaissances résiduelles des patients et de poursuivre l’entraînement à domicile via un « carnet lexical » pour favoriser le maintien du vocabulaire réappris. Les résultats obtenus confirment la majeure partie de nos hypothèses mais des investigations complémentaires s’avèrent indispensables pour cerner au mieux l’impact réel de l’outil.